vendredi 13 novembre 2015

Réhabilitation de la Mare de Charlemagne


A l'occasion des 3emes Rencontres Naturalistes de l'Aude qui se dérouleront ce week-end au Lycée Charlemagne, nous revenons sur les actions menées en faveur de la biodiversité au sein de l'EPLEFPA de Carcassonne.

La mare de Charlemagne

La qualité et la gestion de l’eau est un enjeu majeur dans la protection de l’environnement et de la biodiversité. C’est donc tout naturellement que Mr Christian Rapez a eu l’idée de réhabiliter la mare attenante aux serres du Lycée Charlemagne avec ses élèves des filières « Gestion et Protection de la Nature » et « Sciences et Techniques de l’Agronomie et du Vivant ».

Tout commença en 2008 par une expertise naturaliste afin de dresser un état des lieux de la mare. La qualité de l’eau fut passée au crible et l’on inventoria la faune et la flore aquatiques et celle des abords de la mare. En dépit d’une eutrophisation avancée, la biodiversité était au rendez-vous. Cependant, le surplus de matière organique faisait un barrage à la lumière et fermait trop le pourtour du point d’eau qui finirait par s’asphyxier faute d’un renouvèlement satisfaisant d’eau et d’oxygène.

Curage de la mare à la pelle mécanique
Les élèves de la filière Gestion des Milieux Naturels et de la Faune du Lycée Martin Luther King furent mis à contribution. Ils ont procédé à l’élagage et au tronçonnage de la végétation environnante sous la responsabilité de leur professeur Yves Lecarrerès.

Une fois les abords de la mare dégagés, il a fallu procéder au curage. Il fut réalisé pendant l’année scolaire 2010-2011 par l’entreprise Cucuyère avec un budget de 6000 € alloué par le programme Lycée 21 auquel participe l’EPLEFPA de Carcassonne. Ainsi, la mare fut complètement vidée et on put s’apercevoir que son fond était bâti. Il s’agirait là d’un ancien bassin de rétention. Cependant malgré les études des agents du cadastre et de l’historien Mr Bonnery, son origine reste inconnue mais la construction aurait assurément plusieurs siècles.

Au final c’est 300 m3 de boue qui furent enlevés à la pelle mécanique et étalés dans les champs en dessous alors gérés par l’Exploitation Agricole du lycée. Cela permettait de fertiliser les terres. Ainsi après le curage, la mare avait retrouvé un diamètre de 22 mètres pour une profondeur de 2m au bord à 3m au centre.

Cette opération a permis de mieux contrôler la Myriophile verticillée, une espèce végétale invasive dont le développement est très difficile à endiguer. Depuis, un raclage régulier de la surface par les personnels de la serre et les élèves suffit à la contenir.

Depuis ce nettoyage, la mare est devenue le dernier endroit en vogue pour les coléoptères aquatiques et la batrachofaune. Ainsi crapauds communs et crapauds calamites partagent les lieux avec un complexe de grenouilles vertes/grenouilles rieuses. Pour éviter la surpopulation le triton palmé très friand de têtards est revenu s’installer. Tandis qu’au printemps 2015, nous avons accueilli Pascaline, notre canne colvert et sa portée.

Plus rare, cette année nous avons été honorés par le passage d’une tortue Emyde Lépreuse , le reptile le plus protégé de France.
Agrion de Mercure

Aux abords de la mare, pousse à présent l’Apium nodiflorum , une espèce d’ombellifère qui offre aux libellules un habitat idéal ! C’est donc avec une grande joie qu’au printemps dernier nous avons vu batifoler au dessus de l’eau, l’Agrion de Mercure. Ces demoiselles irisées sont un indicateur précieux sur la qualité de l’eau. D’ailleurs, depuis la réhabilitation de la mare, chaque année, Mr Rapez et ses élèves procèdent à une analyse physique et chimique de l’eau sur une quinzaine de paramètres (température, Ph, phosphate, fer, nitrate…). Les relevés ont montré une eau de bonne qualité. Une bonne nouvelle lorsqu’on sait que la Mare de Charlemagne est un bassin de rétention connecté à la trame bleue par le Béal.

En protecteur de la biodiversité, nous avons résisté l’envie d’introduire dans la mare des poissons car pour une espèce introduite, une centaine d’espèces pourraient disparaitre.

Aujourd’hui, par souci de préservation du site, l’eau de la mare n’est pas utilisée pour l’arrosage des serres et des terrains environnants.

Enfin, il serait pertinent d’analyser les résidus de produits phytosanitaires dans l’eau afin de juger de l’impact des traitements faits en amont, mais ces examens sont malheureusement trop onéreux pour le moment.

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