vendredi 23 juin 2017

Agroécologie : Former les jardiniers-paysagistes d'aujourd'hui et de demain

Entretien avec Gaétan BELLES : Formateur en Travaux paysagers



"J’interviens comme formateur en travaux paysagers depuis plusieurs années notamment auprès des agents communaux. En prévision de l’application du plan Ecophyto, nous avons mis en place des formations courtes sur les méthodes alternatives aux produits phytosanitaires.

Diminuer l’utilisation des produits chimiques nécessite un changement profond des mentalités dans le secteur paysager. L’un de nos objectifs de formation est de proposer des alternatives en relais des techniques chimiques.

Mettre en œuvre une démarche visant à réduire l’ utilisation de produits chimiques, c’est avant tout une réflexion en amont pour faire du préventif. Cependant, cela implique forcément un accroissement du travail pour faire des espaces verts « propres ». J’amène donc mes stagiaires à repenser la gestion de l’occupation des surfaces enherbées ou végétalisées ainsi que les revêtements de circulation afin de diminuer autant que faire se peut le temps d’entretien.

Dans cette optique, je préconise aussi bien auprès des professionnels des services espaces verts qu’aux futurs jardiniers sur nos formations longues, une conception et une gestion raisonnée vers des aménagements durables peu gourmands en intrants et en entretien. La relation sol-climat-plante est primordiale. Il est donc essentiel d’utiliser des végétaux adaptés au sol et au climat.

En pratique, sur nos chantiers pédagogiques auprès des collectivités territoriales, notamment celle de Narbonne, nous privilégions la taille raisonnée des arbres et arbustes, l’engazonnement respectueux de l’environnement, les mélanges à faible pousse peu gourmand en eau, l’utilisation des paillages, la réalisation de massifs méditerranéens appelés aussi les jardins secs autonomes, la lutte intégrée et l’utilisation des produits de biocontrôle. Toutes ces mesures visent à une réduction conséquente du temps de main d’œuvre nécessaire à l’entretien et une diminution des déchets verts et des maladies et ce dans le respect de la croissance naturelle du végétal."

Enfin, pour réduire le coût des aménagements paysagers, lorsque cela est possible j’encourage mes stagiaires à penser au recyclage (broyat, bois flotté ou cailloux de récupération…) et à privilégier les ressources locales. Ainsi, choisir le paillage minéral dans les carrières à proximité des chantiers paysagers est un bénéfice pour l’économie locale mais aussi une occasion de réduire son empreinte carbone.

vendredi 16 juin 2017

Agroécologie : Former les maraîchers d'aujourd'hui et de demain

Entretien avec Walid CHOUCAIR : formateur en maraichage


"Après un parcours professionnel diversifié en maraîchage et en floriculture, j’ai intégré le CFPPA des Pays d’Aude en 2011 en tant que formateur spécialisé sur la taille des arbres et arbustes, la conduite d’un potager biologique et la maîtrise des méthodes alternatives aux produits phytosanitaires.

Dans le cadre de nos formations courtes, j’interviens auprès des agents des collectivités territoriales mais aussi auprès de la Régie de Quartier pour mener mes stagiaires vers l’obtention du certiphyto en leur donnant les bases d’une utilisation sécurisée des produits chimiques tout en diffusant les pratiques alternatives. J’ai également mis en place des formations sur la taille raisonnée des arbres et arbustes. Qu’il s’agisse de taille de formation, de taille d’entretien ou de floraison, il est essentiel de connaitre le mode de croissance de l’arbre et son cycle de développement pour travailler avec le végétal et non contre lui.

En maraîchage, sur les formations longues nous mettons l’accent sur la pratique et l’expérimentation. Grâce à notre partenariat avec l’association Kokopeli, nos futurs ouvriers maraîchers ont pu semer dans les serres du lycée un large panel de variétés anciennes de légumes (tomates, pommes de terre et oignons…) L’espace test Graines de Paysans nous a mis à disposition une parcelle de 2500 m3 en culture biologique afin de permettre à nos stagiaires d’apprendre en faisant. Dernièrement nous avons planté 160 pieds de tomates comprenant une vingtaine d’espèces. Dans une optique d’économie de la ressource en eau, nous avons équipé nos cultures d’un paillage synthétique sous lequel court un système d’arrosage en goutte à goutte. Ces cultures maraichères sont conduites en bio et représentent un véritable projet collectif. A tour de rôle, les stagiaires viennent effectuer le désherbage, l’attachage, la taille et la récolte mais aussi la surveillance des plants pour savoir quand agir. Les solutions préventives envisagées sont le purin d’ortie et la pose de pièges à phéromones pour lutter contre la pyrale du buis. En cas d’infestation, pour protèger les oliviers de la parcelles nos stagiaires sont prêts à utiliser l’argile blanche micronisée et sont formés aux techniques de biocontrôle (utilisation du Bacillus Thuringiensis contre la pyrale du buis)

Enfin, la sensibilisation de publics variés est une mission importante pour nous, qu’il s’agisse des écoliers ou des jardiniers amateurs, nous effectuons de nombreuses animations où nous privilégions des ateliers ludiques sur la connaissance du sol ou la construction d’abris à insectes pour leur apprendre à « jardiner le naturel ». "

vendredi 9 juin 2017

Agroécologie : Former les viticulteurs d'aujourd'hui et de demain


Entretien avec Caroline SANGOUARD : formatrice en viticulture.


"Dés 2010 le CFPPA des Pays d’Aude a participé à la mise en place de la phase expérimentale des certiphytos agricoles. Depuis, des centaines d’agriculteurs en particulier viticulteurs ont pu acquérir leur certificat grâce à mes interventions aussi bien en centre que dans les caves coopératives. Cela fait donc 7 ans déjà que nous nous impliquons dans la vie agricole de notre département, tant en formant nos agriculteurs pour sécuriser l’utilisation des pesticides que pour leur amener des solutions alternatives vers une réduction des intrants. Nous mettons également en œuvre pour les salariés viticoles des journées de formation pour découvrir les nouvelles techniques en matière d’agroécologie.

La viticulture dans notre département est en mutation, le nombre d’exploitations en conversion bio est croissant et de plus en plus de viticulteurs se sentent concernés par le respect de l’environnement. Notre centre de formation étant étroitement lié au monde professionnel, il est impossible de faire abstraction de ce besoin d’apprendre à produire autrement.

Dans nos formations longues visant à former les viticulteurs de demain, nous faisons un parallèle entre les exploitations conventionnelles et les exploitations bio et abordons de pair toutes les techniques utilisables en agroécologie qu’il s’agisse d’agroforesterie, de confusion sexuelle, de gestion du sol, d’enherbement et de sélection de cépages résistants adaptés à la pression parasitaire.

Cette approche de terrain se traduit d’un point de vue pratique par des sorties pédagogiques diverses (visite de fournisseurs de matières organiques, pose de diffuseur de confusion sexuelle, découverte de l’agroforesterie avec nos futurs ouvriers viti-vinicoles, ou dégustation de cépages tolérants avec nos futurs viticulteurs).

Toujours dans un souci d’ouverture et d’innovation, nous sommes en partenariat avec le domaine expérimental de Cazes de la Chambre d’agriculture de l’Aude. Cela nous permet de montrer à nos stagiaires les différents essais sur un vignoble, les mesures de sécurité environnementale et les dispositifs qui pourraient être mis en place dans les années à venir."