Car l'échange avec les professionnels est important pour se forger une image juste de son futur métier, les BPREA sont partis à la rencontre de 3
exploitants agricoles afin de mieux appréhender l'organisation d'une
exploitation et la commercialisation des produits. Aujourd'hui, focus
sur l'exploitation de Mr Xavier Picot éleveur ovin.
Xavier Picot : Un éleveur en liberté
Mr Xavier Picot est installé
sur Saissac depuis 30 ans en tant qu'éleveur ovin. Aujourd'hui, à
la tête d'une exploitation de 200 ha pour 650 têtes, cet
« irréductible indépendant » comme il aime se
qualifier, a opté pour un élevage extensif et une
commercialisation de sa viande en vente directe. En relation avec
le BioCIVAM, Mr Picot s'inscrit dans la démarche d'agriculture
raisonnée en moyenne montagne. Délégant le découpage et le
moissonnage de ses terres, il garde cependant une pleine maîtrise de
la chaîne de production et sa distribution.
L'agriculture une affaire de famille
Fils d'éleveur, Mr Picot
a obtenu un BTS production animale à La Raque après un bac S.
Son diplôme en poche, il s'installe sur les 70 ha de l'exploitation
familiale avec un cheptel de 500 têtes. Basé sur un modèle
intensif au départ, Mr Picot à peu à peu augmenté la surface de
son exploitation par l'acquisition et le fermage. Pour ce faire, il
créé un Groupement Foncier Agricole dont il reste l'actionnaire
majoritaire. Son troupeau compte aujourd'hui 650 têtes et il n'a pas
l'intention d'aller au-delà car il s'est orienté depuis 1999 vers
un élevage de type extensif. Son fils, ancien élève du Lycée
Charlemagne travaille à 50 % sur l'exploitation afin
notamment de faire l'entretien de l'agroéquipement de
l'exploitation.
Une agriculture raisonnée pour une qualité de
viande constante

Le cheptel est composé de
Suffolk, de Limousine et de Blanche du Massif Central. Ces 3 races présentent des qualités de rusticité, d'adaptation et surtout de
prolificité qui permettent à Mr Picot d'avoir deux périodes
d'agnelage par an. Sur les 550 agneaux commercialisé par an, 2/3
naissent entre janvier et décembre, tandis que le dernier tiers naît
d'avril à juillet.
Parce que l'alimentation
est déterminante pour le goût de la viande, surtout les 2
dernier mois d'engraissement des agneaux, Mr Picot produit à 95 %
la nourriture de son troupeau. Au vu de la quantité de
nourriture produite notre éleveur aurait la capacité de doubler son
cheptel mais ce n'est pas son but. Il vend donc son surplus de
céréales.
Il doit acheter cependant
quelques tonnes de compléments alimentaires afin d'assurer l'apport
en protéine nécessaire aux agneaux lors de la transition du lait
aux céréales.
Ne pratiquant ni l'estive,
ni le gardiennage Mr Picot a divisé ses 150 hectares de prairie en 3
îlots de 50 hectares où les bêtes vont paître d'avril à
décembre. En hiver, le troupeau regagne la bergerie pour être
nourri avec sa production céréalières (avoine, orge,
triticale). N'utilisant que le fumier de ses moutons pour apporter
l'azote nécessaire à ses parcelles de céréales, le cahier des
charges de l'exploitation répond à 95 % aux critères de
production bio. Cependant, Mr Picot préfère là encore son
indépendance. Produire avec le label bio est selon lui trop
contraignant et cela l'obligerait à vendre ses produits plus chers.
Pour garantir une qualité
gustative stable, Mr Picot rationne l'apport de céréales des
agneaux jusqu'à 6 ou 7 mois quant aux mâles dont le goût de la
viande est plus fort, ils sont abattus dés 3 mois.
L'indépendance : une question
d'organisation
Mr Picot travaille
majoritairement seul, il délègue cependant certaines tâches.
La tonte est effectuée par un tiers début septembre. La
toison des moutons sert d'isolation thermique mais c'est aussi un
excellent rempart contre les parasites lorsque le troupeau est en
plein air. Une fois la laine vendue la tonte ne lui revient qu'à
0,50 euro par tête.
Mr Picot n'est pas
affilié à la CUMA. Il a préféré s'équiper de matériel agricole
d'occasion et laisse à son fils le soin d'assurer l'entretien
des machines. Il pense d'ailleurs investir d'ici peu dans une
moissonneuse pour réaliser lui-même la moisson.
Dans un souci de qualité
mais aussi d'économie, Mr Picot n'est pas équipé de chambre
froide. L'abattage se fait au gré des commandes et la viande est
préparée par un atelier de découpe. Il récupère ensuite la
viande conditionnée en caissettes dans ses camions frigorifiques et
part directement en faire la livraison tandis que son fils veille sur
le troupeau pendant son absence.
Directement du producteur au consommateur
Fort de sa connaissance du
territoire, Mr Picot décide à partir de 2008 de pratiquer la vente
directe. Ne plus passer par les coopératives lui permet
d'afficher des tarifs fixes et plus intéressants pour lui comme pour
sa clientèle. Au début ce fut auprès de son large entourage et
par le bouche à oreille qu'il écoule sa production. Il s'est équipé
ensuite d'un site internet où les clients peuvent passer commandes.
Mr Picot ne travaille qu'avec les particuliers et effectue une
quarantaine de livraisons par an dans un rayons de 50 000 km
uniquement les vendredis. En moyenne, il passe 3 heures par semaine
pour trier ses commandes afin d'en optimiser la distribution.
La connaissance des
habitudes de la clientèle est nécessaire pour faire les relances au
moment opportun.
La grande transparence
vis à vis du client est une des clés majeures de la vente directe.
Ainsi, il participe à l'opération De ferme en ferme
pour faire connaître son exploitation et ses pratiques au public.
Cet année fut pour lui une réussite puisque 1500 personnes sont
venues visiter son exploitation et déguster ses produits. Même si
il n'effectue aucun démarchage puisque sa clientèle est fidélisée
grâce à la qualité de ses produits cet événement est une
occasion de trouver de nouveaux prospects dans un cadre chaleureux et
décontracté.